Catégorie: 

Nom du Rabbin:

Chalom Rav,
Je viens d’écouter votre cours sur la fête de Pessa’h, et j’ai un peu de mal à comprendre « l’allégorie de l’ustensile » qui doit être vide afin de pouvoir recevoir au début de la vidéo.
Dans le cas de l’élève, on ne peut pas comprendre la Torah en étant ancré dans un monde qui ne la prend pas en compte ?

Si oui, une fois le savoir acquis , cela veut-il dire qu’il est impossible d’utiliser tout ce savoir issu de la Torah en l’appliquant dans une société où règne la laïcité ?
Ou alors, nous serions considéré comme un ustensile à moitié plein qui ne peut pas comprendre la Torah dans son « intégralité » ?

Si c’est le cas, pourquoi essayer de créer un « pont » entre ces deux mondes comme le faisait le Rabbi (en enseignant à travers le monde et en différentes langues), si l’on ne peut pas accepter l’un avec l’autre ?
L’objectif du Rabbi était donc d’amener tous les juifs à entrer en abnégation totale avec la culture qu’ils ont reçus, notamment à New York, afin de recevoir la Torah ?
Car, il y a j’imagine, beaucoup de juifs vivant dans une culture laïque, et ponctuant leur vie de Torah et qui prennent le Rabbi pour exemple, cela n’est-il qu’un échec qui mènerait toutes ces familles vers une assimilation à la culture dans laquelle elles vivent ?

Excusez-moi pour la confusion de mon message mais j’ai du mal à retranscrire ce qu’il se passe dans ma tête par écrit, à moins que je sois complètement passé à côté du message…

Merci de m’éclairer,

Chabbat Chalom !

PS : Hier soir, nous étions au Mur avec des amis et ils m’ont montré ça (image en pièce jointe), vous saviez ? Qu’en pensez-vous ?

Bh

Chalom … ,

Ta question est fondamentale, je vais essayer d’amener des éléments de réponse, basés (mais pas tirés) principalement des écrits du Baal Chem Tov et du livre du Tanya.

Le service Divin, ainsi que tout processus de construction, comporte trois phases :

– La première, appelée Akhna’a, ou « soumission », suppose qu’en début du processus, nous ne possédons pas les clefs nécessaires au discernement net entre le bien et le mal, très habilement mêlés dans toute chose, depuis la faute de l’arbre de la Connaissance, il y de cela plus de 5770 ans. Ceci en raison de l’attachement, voire de la dépendance que l’on a soit même créés, à la faute, ou de façon plus fine aux plaisirs corporels autorisés. Cette phase indispensable nous permet de remettre les compteurs à zéro. Dans la vie d’un adolescent, il pourra s’agir par exemple d’une année d’étude en Yechiva après le bac.

Même si la finalité est effectivement de « réparer le monde », tu conviens qu’il y a tout d’abord lieu de s’isoler momentanément, pour se construire. Ceci est, soit dit en passant, vrai à tout niveau. Un étudiant en médecine passe lui aussi par cette étape d’isolement, et lui aussi acceptera avec beaucoup d’abnégation des montagnes de savoir.

Tu parles du Rabbi et de son enseignement universel, mais tu oublies que le Rabbi lui-même vécut presque dans l’ombre jusqu’à l’âge de 48 ans.

Ceci représente la phase de « Hag Hamatsot » dont je parle dans le cours.

– La seconde phase est celle de la Havdala, qui sous-entend « faire la part des choses ». C’est la phase principale, ou l’on analyse toute chose, essaie d’en tirer le bon et d’en repousser le mal. On ne pourra en aucun cas réparer quoi que ce soit sans s’adonner à cette tache laboureuse. Un « travail » basé sur une vision non lucide de ce qui est mauvais, transforme le service Divin en idolâtrie, ou tout est adorable, à prendre selon ses deux significations. On tombe alors dans le « peace and love », et l’amour Divin est vite transformée en adultère.

– L’on s’attardera Bh ultérieurement sur la troisième phase, dite de la Amtaka (ou adoucissement.

En d’autres termes : on ne peut réparer le monde et en « sortir le bon » qu’en prenant un certain recul. Il est vrai que des éléments de culture occidentale peuvent être positifs (telles : les bonnes manières, appelées Nimoussim), mais il faut tout d’abord posséder de très importantes bases de Torah pour savoir faire la part des choses.

On raconte qu’a trois reprises différentes, des étudiants s’étonnèrent de ce que le Rabbi déconseille a priori les études à l’université. Chacun des trois fit remarquer au Rabbi qu’il avait lui-même étudié à la fac. Le Rabbi répliqua au premier: voir un home sauter du toit et rester indemne n’est pas censé encourager à sauter du toi. Au second : c’est justement puisque j’étais à la fac que je sais de quoi je parle, au troisième : ceci est permis à qui a étudié au préalable toute la Torah (à un certain niveau. Il est clair qu’en profondeur, la Torah n’a pas de limite).

J’espère avoir répondu à la première partie de tes questions (soit : avant le P.S.),

Shaul

Sources