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Cher Monsieur,

Merci pour ce très beau cours.

Je crois comprendre ce que vous dites en fin de cours sur l’adhésion aux commandements divins sans accord préalable de la raison, incapable d’objectivité car forcément influencée par la culture environnante.
Je crois copmprendre aussi que le judaïsme n’oppose pas foi et raison. A la lumière de ce que vous dites, l’acceptation est un acte de foi et la raison opère à l’intérieur de cette acceptation pour tenter de partir à la conquête du sens des lois.

Mais j’ai une inquiétude: les fanatiques de tout bord dont nous sommes malheureusement abreuvés de nos jours ne sont-ils pas justement des individus qui ne remmettent rien en question et prennent pour argent comptant le commandement de tuer les Juifs même derrière les buissons et que sais-je encore?
Mon souci est que nous nous différencions de cette manière de faire.
Quel est l’argument que nous pourrions donner à un candidat à la conversion par exemple ou à un athée qui cherche D. (ou à moi…) pour le convaincre que notre soumission ne ressemble pas à la soumission des autres qui perpètrent au nom de D. des atrocités.
Faut-il comprendre que leur attitude est bonne fondamentalement en tant que croyants mais que leur texte l’est beaucoup moins ,car pas authentiquement inspiré?
Ou alors faut-il encore comprendre que seul le résultat compte: l’islam pour le nommer répand larmes et affliction alors que le judaïsme répand lumière et Bien souverain?

chabat chalom

BH

Chavoua Tov Mme …

Di-eu a créé l’Homme à Son image et l’essence de l’Etre est une parcelle de Divinité qui confère à l’homme le pouvoir intuitif de discernement du bien du mal.

Le « Naasé Vénichma » (Parachat Michpatim précisément, 24, 7 : « Nous accomplirons puis nous comprendrons ») prononcé d’après nos Sages (au traité Chabat p. 88a) par tous les Bnei Israël avant le don de la Torah (c’est en passant cette acceptation inconditionnelle qu’attendait D… pour donner la Torah à Son peuple, acceptation sans laquelle le Monde serait retourné au néant – voir notamment Rachi sur Béréchit 1, 31), provenait en réalité d’une connaissance intime de la Divinité, connaissance certes pas rationnelle (et pour cause : cette connaissance provenait d’un niveau de la Divinité non restreint par la raison), mais semblable à une vision qui ne saurait être démentie par aucune démonstration (il ne s’agit par conséquent pas d’une acceptation « aveugle », mais d’une acceptation totalement lucide !).

La culture occidentale a toujours refusé de reconnaitre que l’intellect n’était pas la force suprême. Selon Kabala et Hassidout, la raison est certes fondamentale, dans la mesure ou elle est censée être objective, et aider à discerner des pulsions animales à bannir, de sentiments profonds d’origine Divine. Mais elle n’est aucunement suffisante. D… (par le biais de l’Essence de l’Etre dont nous avons dit qu’elle était Divine) ne se dévoile pas que par le biais de la raison. Les notions de libre-arbitre, de recompense et de chatiment etc., seraient totalement faussées si la rencontre avec la Divinité était principalement intellectuelle.

Le Midrach nous décrit le choix fait par Di-eu pour certains de Ses Bergers, notamment Moche Rabenou et David Hamelekh. On découvre qu’ils furent choisis pour leurs profondes valeurs morales. Ce sont ces valeurs qui permettent à tout un chacun de découvrir Di-eu et la vérité Divine, soit (pour reprendre l’expression empruntée dans mon précédent email) d’entrer en résonance avec une Verité profonde que chacun doit dévoiler.

L’accomplissement de Lois dictées par un Di-eu père de la Morale, Lois explicitées au cours des générations par des Grands Sages profondément moraux, et inspirés par la Divinité, est aussi à mon entendement une profonde valeur morale : la reconnaissance. D’autant que Di-eu sait, malgré l’obscurité de la Galouth qu’il decida de nous imposer (cela aussi pour notre bien : afin de nous donner le mérite de gérer librement nos choix), nous « faire des clins d’œil » et nous faire ressentir profondément que nous sommes sur la bonne voie, lorsque c’est effectivement le cas.

Pour revenir à l’analogie de la résonance, avec un exemple emprunté à la musique : un système vibratoire physique (telle la corde de mi non grattée de la guitare) se mettra à vibrer avec une grande amplitude, pour peu qu’elle reconnaitra une vibration semblable à la sienne propre, dans son entourage (par exemple si le guitariste effectue un mi avec la corde de la). Mais l’amplitude de ces vibrations sera d’autant plus grande que les frottements seront négligeables.

Notre Etre sait reconnaitre les vérités contenues dans la Torah, et rentrer en résonance avec elles, puisque ces vérités sont inscrites au plus profond de notre Etre, mais cela sera d’autant plus vrai que les frottements (soit ceux imposés par l’âme animale et le corps, qui induisent du flou dans nos perceptions) seront atténués. Un homme qui s’investit dans les plaisirs corporels sera (momentanément en tout ca) que très peu sensible a la spiritualité. L’application des Mitsvot (tout comme les bonnes « Midot ») a pour effet d’atténuer les frottements et de nous aider à percevoir la vérité !

Vous comprenez que les fanatiques dont vous parlez (qu’Achem efface leurs noms) ne sont pas motivés par une voix interne et morale car Divine, mais uniquement par les 70 houris promises par le Coran …

J’espère que ces quelques mots répondent au moins partiellement à vos questions,

Chavoua Tov Oumevorakh, plein de bonnes résolutions, de joie et de réussite !

Shaul Sillam

Sources